Je me sens fatiguée par les réseaux sociaux. Et surtout par LinkedIn.
L’IA est un outil formidable, oui.
Mais elle a aussi uniformisé les discours.
On lit souvent les mêmes articles, les mêmes “astuces”, les mêmes conseils recyclés.
On peut aujourd’hui se déclarer expert sans avoir réellement vécu son métier, ni même en vivre concrètement.
Et ça, ça me fait un peu mal à mon métier de voix off.
Il y a quelques années, je faisais partie d’un petit groupe de voix off qui se battait pour faire reconnaître la qualité du travail en home studio.
On parlait de bonnes pratiques, de tarifs justes, d’acoustique, de matériel.
On rêvait même de créer un label qualité pour certifier les studios sérieux et garantir un niveau d’enregistrement irréprochable.
C’était exigeant, passionnant, constructif.
On avançait ensemble, animés par la même exigence et la même passion du son.
Aujourd’hui, tout cela me paraît loin.
Par manque de temps, sans doute.
Mais aussi par manque d’envie.
Je constate une contradiction qui me frappe souvent.
Mon métier est l’un des premiers à critiquer l’intelligence artificielle, à pointer du doigt les voix de synthèse qui menaceraient les nôtres.
Pourtant, je vois de plus en plus de collègues utiliser l’IA pour générer les images de leurs articles ou de leurs publications.
Comme si l’IA était l’ennemie lorsqu’elle touche à la voix, mais une alliée bien pratique pour tout le reste.
Je continue bien sûr à vivre pleinement de mon métier, à enregistrer chaque jour dans mon home studio, à collaborer avec des clients formidables.
Mais parfois, je ressens un vrai décalage entre la réalité du terrain faite de rigueur, de technique, d’écoute et d’expérience et le bruit ambiant des réseaux où l’on érige en “experts” ceux qui ne font que rédiger un prompt bien tourné.
C’est peut-être ça, l’effet de saturation : cette impression que la sincérité s’efface derrière le marketing personnel.
Peut-être que cette lassitude passera...
Ou peut-être qu’elle est même nécessaire.
Une pause pour se recentrer sur ce qui compte vraiment : la voix, l’interprétation, et ce lien humain qu’aucune IA ni aucun post cloné ne remplacera jamais.
Parce qu’au fond, ce qui fait la beauté d’une voix off féminine, c’est cette imperfection si humaine : un souffle, une intention, une émotion vraie.